La nage sous kayak

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Quelques explications par Michel, pour la nage sous kayak:

La nage sous kayak.
Je ne suis pas moniteur d’apnée et je n’ai jamais fait d’apnée profonde. J’ai été initié à l’apnée,
plus précisément à la nage en apnée il y a une quinzaine d’années mais techniquement et
surtout mentalement c’est très différent de la nage sous kayak. Les deux se passent sous l’eau
et sans avoir la possibilité de respirer mais les points communs s’arrêtent là.
Le moniteur fixait des objectifs : faire un tour de piscine (75m) ou essayer d’arriver à quatre
minutes en apnée statique par exemple. On terminait presque invariablement en ayant
l’impression d’avoir tenu un maximum, en ayant épuisé sa réserve d’air. En apnée dynamique,
une partie non négligeable de la consommation servait à maintenir la profondeur et l’assiette,
le reste servant à la propulsion avec les palmes.
On optimisait le remplissage des poumons. On ne pratiquait pas l’hyperventilation mais les
deux dernières inspirations-expirations avant immersion étaient profondes.
On échauffait l’apnée en pratiquant des exercices progressifs.
Le plaisir venait surtout après, c’était la satisfaction d’avoir réalisé la performance.
La détente on en parlait beaucoup. En réalité on l’éprouvait rarement et lorsque c’était le cas,
uniquement en début d’apnée. On travaillait la distraction par des exercices variés. Pour nous
faire oublier l’envie de respirer, on marchait sur le fond en portant du plomb par exemple.
J’ai tiré deux leçons de cette époque : on tient plus longtemps quand l’eau est chaude et
quand on est distrait, c’est-à-dire lorsque des événements extérieurs nous empêchent de
penser à notre respiration.
Même en restant « en surface » la syncope peut survenir à tout moment et sans
avertissement. Dans les cas dont j’ai été témoin, c’était toujours en forçant de manière
consciente ou non. Les copains auxquels c’est arrivé n’avaient pas eu l’impression de forcer
mais la syncope est survenue lorsqu’ils étaient proches de leur limite habituelle. Le risque me
paraît plus important à ce moment-là qu’en début de parcours.
J’ai découvert la nage sous kayak en recherchant des masques de plongée ou des poids perdus
par des élèves. On passe sur le ventre et on explore le fond pendant quelques secondes. La
position centrale du kayakiste dans son kayak amène à partir « de loin » pour avoir une vue
d’ensemble. On nage trois ou quatre brasses pour arriver sur zone, on reste cinq à dix
secondes à faire un tour d’horizon, et si on ne voit rien on fait surface. C’est très court, une
vingtaine de secondes. Si on trouve l’objet recherché, on passe facilement une dizaine de
secondes supplémentaires à essayer de le repêcher. Le besoin de respirer qui se ferait
habituellement sentir bien avant ce délai est effacé par la distraction de la recherche.
J’ai découvert le plaisir de la glisse : on tire fort pendant deux ou trois brasses pour lancer le
kayak et ensuite on explore « longuement » sur sa lancée. Le moment où le kayak s’arrête en
douceur, où tous les bruits disparaissent procure une sensation de détente supplémentaire.
J’ai ensuite eu envie de parcourir plus de distance mais en ayant toujours bien à l’esprit le
danger de syncope. Pas d’hyperventilation, partir sur une inspiration normale, sortir bien
avant d’en ressentir le besoin.
Lorsqu’on ne cherche rien, que l’on n’est pas distrait, les sensations sont différentes : après
quelques brasses on ressent le besoin de respirer. Au-delà de cinq ou six brasses, je devais
forcer, je ne continuais pas par plaisir, je voulais en faire une de plus que la veille. C’était la
recherche de la performance. Comme je voulais sortir bien à temps, je n’allais pas très loin.Petit à petit malgré tout j’ai augmenté le nombre de brasses jusqu’à quatorze. Je me sentais
en sécurité en ne dépassant pas ce nombre et je me suis rendu compte qu’en sachant que je
n’essaierais pas d’aller au-delà je retrouvais de la détente.
Quelques vidéos montraient que mon esquimautage était explosif. Pour donner un côté cool
à l’ensemble j’ai voulu réaliser un esquimautage lent. Je me suis mis en position
d’esquimautage, j’ai attendu quelques secondes et j’ai essayé de faire mon handroll au ralenti.
A force de chercher à le ralentir, pour diminuer ma flottabilité, j’en suis venu à expirer
lentement mon air avant d’esquimauter. J’ai réalisé que distrait, concentré sur mon
esquimautage je n’éprouvais aucun besoin de respirer, aucune sensation de manque d’air.
Un jour, lors d’une des dernières brasses j’ai senti un ralentissement et j’ai compris que j’étais
engagé entre un bateau et sa ligne de mouillage. J’ai sans même y penser nagé encore cinq
ou six brasses jusqu’à sentir que ça glissait à nouveau facilement. De m’être dégagé aurait dû
m’apporter du soulagement. Je me suis rendu compte que cela m’avait surtout apporté du
plaisir, que je n’étais même pas pressé d’esquimauter.
J’ai réalisé que je pouvais augmenter mon nombre de brasses largement au-delà de quatorze.
Petit à petit je suis arrivé à une trentaine. Je fixais systématiquement le nombre à ne pas
dépasser avant de m’immerger : 26 par exemple. Certains jours dès les premières brasses
c’était un peu plus difficile et je bâclais les dernières pour arriver au nombre choisi. Même si
j’esquimautais lentement ensuite, le côté cool avait disparu.
Dans ma tête, fixer la limite avant de partir, c’est me fixer un objectif, une performance à
réaliser. Je stresse dès le départ, je bâcle les dernières brasses et je sors insatisfait alors que
j’ai « atteint l’objectif ».
Fixer la limite après le ressenti des premières brasses, c’est comme me donner un filet de
sécurité, la certitude qu’en fonction de ma forme physique je ne tenterai aucune folie, cela
m’apaise.
J’ai une limite absolue : en aucun cas je ne dépasse 30 brasses, de plus si l’eau est froide, sous
les dix degrés je limite à 20. Comme je nage de plus en plus lentement il est vraisemblable que
les 30 brasses se réduiront à 25 ou moins dans le futur.
Les sensations.
Ce n’est pas le nirvana du départ à l’arrivée mais le meilleur est à la fin.
Je suis souvent stressé juste avant l’immersion. C’est une forme de peur, parfois elle me fait
renoncer. C’est récent et lié à la prise de conscience de mon âge. Quelque chose au fond de
moi me dit qu’il n’est pas raisonnable de passer plus de deux minutes sous l’eau à 72 ans. L’an
passé j’en avais 71 et cela ne m’est jamais venu à l’esprit !
Après quelques brasses, quatre ou cinq déjà, j’ai envie d’arrêter, je ressens le désir de respirer.
Ne pas pouvoir le faire est une sensation désagréable. Toutefois ce désagrément n’augmente
pas avec les brasses supplémentaires, je m’y habitue même mais il reste un genre
d’oppression. Ce n’est pas un signal de mon système respiratoire, c’est de l’inquiétude car dès
que je décide du nombre de brasses que je ne dépasserai pas, cette oppression s’estompe.
Toutefois, elle ne disparaît totalement que si je repère quelque chose qui attise ma curiosité
et qui détourne mon attention.
Lorsque j’approche de ce nombre de brasses, j’ai l’impression que ce n’est plus moi qui décide.
Malgré moi, je n’arrive pas à terminer la dernière brasse, j’ouvre les bras pour l’amorcer mais
je ne termine pas l’extension, je passe en phase immobile.
Il m’est arrivé de scinder : décider de faire 18 brasses en deux parties : 12 d’abord suivies de
quelques secondes d’arrêt et de six autres ensuite.Le problème était doublé : je ne finissais ni la douzième ni la dix-huitième.
Le redémarrage après l’arrêt était difficile, les deux premières brasses surtout. De plus, il fallait
relancer le kayak. Je préfère nager d’une traite.
L’arrêt des mouvements modifie presque instantanément mes sensations, l’oppression
disparaît, avoir de l’air n’est plus une préoccupation. Pendu sous mon kayak, je suis bien.
Dès que j’arrête de nager je regarde le fond. Soit il y a du spectacle et j’en profite. Soit il n’y a
rien à voir, je me tourne lentement en position d’esquimautage immobile et j’attends regard
tourné vers la surface. Dans les deux cas, la détente est totale. Généralement je laisse
vagabonder mon esprit mais souvent je ne pense à rien. De temps en temps, surtout lorsque
j’ai les yeux fermés, je compte : 1001, 1002… 1060.
Au sec lorsque je compte ainsi cela correspond à 60 secondes, sous l’eau entre 35 et 40.
C’est la partie critique : profiter longuement de ces moments agréables tout en sortant assez
tôt pour disposer d’une marge de sécurité.
Je n’éprouve aucun besoin de respirer. Lorsque je ne compte pas, c’est mon esprit qui me dit
« sois raisonnable, ne déconne pas, sors ». Je tends lentement le bras et j’attends
qu’Archimède me remonte. La Go-Pro montre que lorsque je ne compte pas je sors
pratiquement au bout de la même durée que lorsque je compte. Quelques secondes (de deux
à cinq) de plus généralement.
Cette durée en statique, en attente d’esquimauter a progressivement augmenté. Au début je
m’imposais une petite pause (cinq secondes) pour préparer un esquimautage ultra-lent qui
soit beau à regarder en surface. Petit à petit cette attente s’est prolongée pour atteindre une
bonne quarantaine de secondes aujourd’hui. C’est largement suffisant pour « profiter ». Pour
les spectateurs, 40 secondes, c’est très long ! La raison me dit qu’à mon âge et en tenant
compte des petites infirmités qui « vont avec » il ne faut pas essayer de prolonger.
En surface je suis heureux de trouver de l’air mais cette première respiration me suffit, je ne
suis pas essoufflé. J’éprouve systématiquement un sentiment de frustration, un regret de
n’être pas resté plus longtemps.
La technique.
Je pars sur une inspiration normale, sans chercher à remplir mes poumons et après m’être
allongé quelques instants sur l’arrière du kayak en respirant paisiblement et normalement.
Le kayak me maintient à une profondeur constante et sa grande longueur optimise la vitesse
de déplacement : j’économise beaucoup d’air par rapport à un nageur en apnée. Pas de
contrôle de profondeur ni d’assiette et un rendement propulsif nettement meilleur. Je
consomme à peine plus qu’en apnée statique.
Au cours du temps je me suis mis à nager de plus en plus lentement et à réduire mon nombre
de brasses. Paradoxalement la distance parcourue a augmenté. Nager vite propulse le kayak
plus vite mais le rendement « distance parcourue par brasse » est catastrophique. Il vaut bien
mieux optimiser la glisse du kayak. Commencer la nouvelle brasse, ouvrir les bras trop tôt
casse l’erre du kayak. Il faut le faire au bon moment. La période dépend de la force de traction :
en tirant modérément sur les bras on a un bon rendement en effectuant une brasse toutes
les quatre secondes. Lorsqu’il n’y a pas de vent on parcourt entre deux et trois mètres par
brasse. Je n’ai aucun désir de battre des records de distance, le but n’est pas d’aller loin mais
j’éprouve beaucoup de plaisir à pouvoir aller où je veux, à combler sans effort les cinq ou dix
mètres qui me séparent d’un centre d’intérêt que je découvre en cours de nage.Le contrôle de la direction.
A moins d’avoir au fond une ligne droite visible, le bord d’un quai par exemple, je suis
incapable de contrôler ma direction. Généralement je « vais droit » mais il est assez courant
de me voir virer de 90 degrés, à gauche comme à droite. Il m’est déjà arrivé de revenir à mon
point de départ.
L’esquimautage.
Prendre un norsaq consomme moins d’air que de dégager une pagaie. Esquimauter à la main
consomme encore moins et l’esquimautage immobile qui a ma préférence ne consomme
pratiquement rien. Même si on ne peut pas le mesurer, la certitude de disposer d’un
esquimautage « bombproof » réduit certainement la consommation d’oxygène des neurones.
On peut donc supposer que tant que l’esquimautage à la main n’est pas garanti à 200%, on
consomme moins en utilisant un norsaq !
Le plaisir.
Il vient d’abord de la glisse du kayak qu’on sent accélérer, de la vision du fond que l’on voit
défiler… si la visibilité est suffisante. Ensuite dès qu’on s’arrête de nager, déjà durant la glisse
finale puis lorsqu’on ne bouge plus, qu’on profite du spectacle, l’impression de manque d’air
ressentie durant la nage disparaît. Si de plus l’eau est chaude, transparente, que l’on peut
toucher le fond de la main, l’instant devient magique, on a l’impression de pouvoir tenir
indéfiniment. C’est pour cela aussi, pour sauvegarder cette illusion (en réalité on ne peut pas
tenir indéfiniment !), qu’il ne faut pas forcer, qu’il faut sortir bien avant de manquer d’air.
La sécurité.
Mais la raison principale pour ne pas essayer de prolonger et pour sortir bien avant d’éprouver
le besoin impérieux de respirer c’est la sécurité. Ce n’est qu’au moment d’esquimauter qu’on
constate que le kayak refuse de se redresser, qu’il s’est engagé sous une amarre ou que la Go-
Pro s’est enroulée autour d’un chapelet d’algues.
Il faut donc encore disposer d’une réserve pour se dégager en nageant quelques brasses de
plus ou tenter un deuxième esquimautage et en cas d’échec pouvoir déjuper sans urgence.
Je sors lorsque je pense encore disposer d’une vingtaine de secondes et les circonstances
m’ont prouvé qu’elles se révèlent bien utiles parfois. Pour vérifier cette marge, de temps en
temps je choisis une eau cristalline, une très faible profondeur qui me permet de retrouver de
l’air en m’appuyant de la main sur le fond et au moment où je sortirais normalement je
prolonge en comptant : 1001…1025. C’est le seul cas où je m’autorise à dépasser (de très peu)
les deux minutes. Cela n’a jamais été le cas jusqu’ici mais si je devais, pendant ces 20 secondes
de test, éprouver le besoin impérieux de respirer, cette envie irrésistible d’expulser l’air de
mes poumons, je réduirais d’autant toutes mes nages ultérieures.
Les éléments qui favorisent la détente.
On ne les perçoit pas, c’est la Go-Pro qui montre qu’on prolonge plus ou moins longtemps
l’apnée en fonction des circonstances.
La température de l’eau, sa transparence, ce qu’il y a à voir, la faible profondeur, le contact
tactile avec le fond, tout cela détend. La conviction de réussir l’esquimautage joue un rôle très
important dans cette détente. J’ai une très grande confiance dans ma capacité à revenir en
position normale mais la Go-Pro est sans pitié : elle m’indique que je prolonge davantage
lorsque la profondeur est telle que je peux retrouver de l’air d’une simple poussée de la main.Porter un masque de plongée permet de mieux profiter de l’environnement et donc participe
à la détente.
Les yeux ouverts ou fermés ?
Je nage indifféremment les yeux ouverts ou fermés. Lorsque la visibilité est nulle autant
fermer les yeux me direz-vous. Les yeux fermés on perçoit mieux les choses et contrairement
à ce que l’on pourrait penser, on est moins détendu, le sentiment de légère oppression
pendant la nage est plus sensible. La différence est minime mais la Go-Pro confirme qu’il vaut
mieux garder les yeux ouverts : on nage plus lentement et plus longtemps.
La décharge d’adrénaline.
L’esquimautage immobile n’est pas très puissant : être engagé sous une amarre ou frotter
contre la coque d’un bateau suffit à arrêter le mouvement. Je ne pense jamais à mon
esquimautage, j’ai l’habitude de sortir sans rien faire. Lorsque l’esquimautage ne passe pas,
je suis totalement pris au dépourvu, je passe instantanément de la béatitude zen à la décharge
d’adrénaline. Mon premier réflexe est de me positionner en handroll et d’essayer
d’esquimauter immédiatement. C’est clairement un réflexe de panique. Si l’obstacle n’est pas
trop gênant je me retrouve en surface, soulagé avec l’impression de « ouf, il était moins
une ! ». Ensuite, je m’en veux d’avoir cédé à la panique.
Par contre si cet esquimautage d’urgence ne passe pas, si je reste bloqué sous l’eau, la tension
baisse instantanément, je retrouve mon calme, je prends le temps d’essayer de comprendre
ce qui se passe, je réalise que je peux déjuper mais qu’il n’y a pas urgence. Lorsque j’ai compris
ce qui me bloque, que j’ai déterminé comment me dégager, avant même d’arriver en surface
j’éprouve un grand plaisir, un énorme bien-être, je jubile véritablement. Dans mes souvenirs,
ce sont mes meilleures nages.
La Go-Pro montre le nombre étonnant de choses que l’on peut réaliser calmement en moins
de dix secondes.
Les copains.
La sécurité ce sont les copains qui me connaissent qui ne paniquent pas inutilement mais qui
repèreraient vite que l’apnée est plus longue que d’habitude et qui sont prêts à intervenir.
Leur rôle ne s’arrête pas là : ils évitent que le public n’appelle inutilement les pompiers. Pour
les spectateurs trente secondes ça paraît une éternité, d’autant plus longue que le kayakiste
ne bouge pas. Il est d’ailleurs intéressant de voir à quel point les gens comptent sur leur
téléphone pour les exonérer de toute autre action. Après avoir terminé une nage en bord de
plage, dans cinquante centimètres d’eau, des spectateurs sont venus me trouver : « on a eu
peur pour vous, on allait appeler les pompiers ! » Je les ai remerciés et je leur ai fait remarquer
que si j’appréciais à sa juste valeur leur souci pour ma santé, il leur suffisait d’entrer dans l’eau
jusqu’aux genoux pour me retourner.
La Go-Pro : autant elle est utile, autant elle peut représenter un élément de danger. Engager
un câble n’est pas un vrai problème. Il glisse le long de la coque, sous l’eau il suffit de nager
deux trois brasses pour s’en débarrasser. En surface en deux coups de pagaie on se libère. Si
la Go-Pro s’en mêle il n’en va plus de même. Il m’est déjà arrivé de me retrouver prisonnier
après mon esquimautage, en surface mais incapable de me dégager. Il est très difficile de
déterminer visuellement dans quel sens le câble est enroulé. Il faut se rappeler dans quel senson a esquimauté, repasser sous l’eau dans le même sens, c’est-à-dire chavirer à gauche si on
a esquimauté à gauche, nager d’abord quelques brasses de plus et esquimauter ensuite. Si on
s’est trompé de sens…
L’impression quelques minutes après la sortie.
J’ai parfois l’impression d’être sorti tôt ou au contraire d’avoir imprudemment prolongé.
Parfois cela correspond à la réalité, parfois je me trompe totalement.
Les vidéos.
Il y a des réflexes que l’on ne contrôle pas. J’ouvre grand la bouche lorsque je fais surface,
même si je n’ai aucun besoin d’air. Sur les photos, c’est horrible. J’ai essayé de contrôler, je
me suis entraîné : ne nager que trois brasses, ne prendre que trois secondes de pause et faire
lentement surface, bien décidé à ne respirer que par le nez. La Go-Pro est inflexible, dès que
mon visage sent l’air, j’ouvre la bouche. J’ai finalement résolu le problème en plaçant la Go-
Pro à l’arrière.
La tentation de la performance ;
Elle existe, je suis un ancien sportif, on ne se refait pas. Le fait de scinder la promenade, de
terminer la nage par un long arrêt rend presque impossible la mesure de la performance.
Toute idée de record s’envole : si je voulais battre un record de distance je devrais nager
jusqu’à épuisement de mon air plutôt que de « glander » en attendant d’esquimauter. Pour
battre un record de durée je devrais rester immobile et non gaspiller mon air en nageant.
Je me rends compte aussi que me limiter à deux minutes est une façon de me protéger contre
cette tentation.
Se fixer des limites, pas des objectifs !
Ça sert à quoi ?
Outre le plaisir, surtout à acquérir de l’aisance sous l’eau, à réaliser qu’on peut tenir
« longtemps » sur une inspiration normale. A retrouver son calme après un instant de panique
dans une situation difficile. A se détendre totalement pendant une quarantaine de secondes.
En regardant les chiffres, 40 secondes ça semble peu mais le ressenti est très différent.